Hommage à Sarah Maldoror

Photo de Sarah Maldoror

Publié le : 30 juin 2020

Cinéaste Guadeloupéenne panafricaniste


On ne peut penser à l’émancipation des professionnels du cinéma antillo-guyanais, et plus largement du monde noir, sans penser à Sarah MALDOROR.

En effet, cette réalisatrice engagée a été la première de tous les cinéastes antillais à réaliser des longs-métrages de fiction, à savoir « Des fusils pour Banta » (1970), film qui ne dépassa pas le stade du montage et dont les rushes sont considérés comme perdus à ce jour (seuls des documents préparatoires du film étant arrivés jusqu’à nous), et surtout l’incontournable « Sambizanga » (1972) qui se concentre sur l’oppression coloniale en Angola. Le parcours de Sarah MALDOROR souligne l’opiniâtreté de cette femme hors du commun.

Après des études de théâtre et la création de la première troupe noire à Paris, « Les griots », elle étudie le cinéma à Moscou. Elle devient la femme de Mario Pinto de Andrade, homme de lettres angolais, un des leaders historiques du MPLA (Mouvement Pour la Libération de l’Angola). Militante avec ses propres armes dès 1967, elle s’évertue à suivre avec sa caméra les héros et combattants : une véritable prise de parole-caméra anticolonialiste.

D’origine guadeloupéenne, Sarah MALDOROR introduit le virus de l’émancipation en Afrique et prouve aux africaines qu’une femme de couleur peut s’imposer comme réalisatrice à part entière. Une conquête de premier plan qui sert encore de référence motrice aux réalisatrices africaines d’aujourd’hui. Sarah Maldoror, de son nom d’artiste en référence au poète Lautréamont, peut se targuer d’une filmographie d’une trentaine d’œuvres, alliant des films de fiction, tels que « Un dessert pour Constance » (1981) qui évoque le racisme dans la société française contemporaine, et des documentaires éclectiques tels que « Un masque à Paris : Louis Aragon » (1978), « Et les chiens se taisaient » (1974) ou encore « Aimé Césaire, le masque des mots » (1987) où la culture antillaise n’est pas en reste.

Parmi eux, « La tribu du bois de l’É » (1998), tourné à l’Île de la Réunion, et « Léon G. Damas » (1995) ont été sélectionnés à l’édition 2000 du FEMI dont la thématique était FEMMES DU XXème SIECLE : Hommage aux pionnières du Cinéma et où Sarah MALDOROR fut invitée aux côtés de Safi Faye et Simone Schwarz-Bart, alors marraine de l’édition. Outre son fort engagement anticolonialiste, la question de la condition des femmes circule dans toute l’œuvre de cette cinéaste exigeante et ce dès ses premières œuvres, les personnages principaux de « Des fusils pour Banta » et « Sambizanga » étant des femmes au caractère bien trempé, de véritables fanm-doubout, à l’image de la cinéaste, qui mena une carrière sans concession.